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GRANDE DISTRIBUTION. CARREFOUR POUSSE 3 000 SALARIÉS DEHORS


La direction de l’enseigne a précisé son plan de restructuration. À la rupture conventionnelle collective déjà annoncée, s’ajoutent des centaines de départs en préretraite.

C’est plus de deux fois les chiffres initialement annoncés. Vendredi, la direction du groupe Carrefour a précisé l’ampleur du plan de restructuration prévu dans ses hypermarchés. Au total, 3 000 postes sont désormais visés. Pourtant, fin mars, c’est sur une fourchette de 1 230 postes que la direction avait ouvert une procédure de rupture conventionnelle collective (RCC). S’y ajoute désormais un vaste plan de congés de fin de carrière (CFC) aboutissant à « un plafond de 3 000 postes », assure la direction, qui insiste sur le fait que ces CFC pourront être remplacés par de nouvelles embauches afin, justifie-t-elle, de « favoriser le renouvellement générationnel dans le contexte de la transformation nécessaire du modèle de l’hypermarché ».

Mais pour la CGT, « c’est de la communication pure ». « La vérité, c’est qu’il y aura bien 3 000 départs et aucune arrivée », s’agace Philippe Allard, délégué syndical CGT du groupe. « Nous sommes en sous-effectif dans tous les points de vente de France. Carrefour ne va pas se mettre à embaucher miraculeusement alors que ce n’est pas le cas aujourd’hui », poursuit le syndicaliste.

Rendue possible depuis la publication des ordonnances Macron, il y a un an tout juste, la rupture conventionnelle collective permet à l’employeur de licencier sur volontariat, sans justification économique. Une aubaine pour Carrefour, qui a enregistré, en 2018, « 802 millions d’euros de bénéfices et empoché 390 millions d’euros de Cice et autres exonérations de cotisations », rappelle la CGT. À la tête du groupe depuis juillet 2017, Alexandre Bompard a planifié une réorganisation profonde des activités des hypermarchés, qu’il entend faire payer cash aux salariés. L’entreprise, qui vise « une économie de 2,8 milliards d’euros en année pleine à horizon 2020 », prévoit ainsi la suppression de 400 000 m 2 de surface commerciale d’ici à 2022. « Bompard trouve l’excuse du développement du e-commerce pour licencier à tout-va. Mais il est pressé, assure Philippe Allard, et il ne va pas s’arrêter en 2022. » Selon le syndicaliste, ce plan de suppression de 3 000 postes, qui s’ajoute à la fermeture des ex-magasins Dia, n’est même qu’ « une première étape ». La deuxième ? « L’automatisation totale des entrepôts et des caisses. »

Côté calendrier, la période de recensement des volontaires court jusqu’à fin décembre, et le projet d’accord devrait être soumis à l’approbation des organisations syndicales le 15 mai prochain. Pour être validée, une RCC nécessite en effet la signature d’organisations représentant au moins 50 % des personnels. Et c’est, là aussi, un motif de colère pour la CGT. « Sans signature des syndicats, il n’y a pas de suppressions de postes », enrage Philippe Allard, qui estime que « si Bompard initie une RCC, c’est qu’il a les garanties de syndicats maison ». En l’espèce, la CGT vise Force ouvrière (48 %), qui avec l’appui de la CFE-CGC, dépasse les 50 % requis. Michel Enguelz, représentant FO, a d’ailleurs estimé avoir « obtenu globalement satisfaction », entre autres avec un dispositif « avantageux » de fin de carrière. Une hérésie pour la CGT, qui continue de dénoncer un « plan de sauvegarde des dividendes » assorti d’une stratégie de départs volontaires qui « vont conduire des milliers de salariés, poussés à bout, à s’autolicencier ».

Lundi 6 Mai, 2019

Marion d'Allard - Article de l'humanité

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